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Chauffer ou ne pas chauffer, telle est la quantité d’énergie

Cet hiver, nous avons fait le choix de l’expérimentation et nous avons voulu savoir ce que cela ferait, et nous, ferait de ne pas du tout chauffer l’agence.

En clair, nous n’avons absolument pas allumé le chauffage de toute la saison, et dans quelques jours, avec l’arrivée du printemps météorologique et calendaire, la question ne se posera plus.

En premier lieu, il faut préciser plusieurs choses pour bien comprendre l’intérêt de cette « expérience », d’une part sur la notion de passoire thermique et d’autre part sur la notion de confort thermique.

Au début de l’hiver, de potentiels risques de coupures électriques était anticipés et annoncés par le gouvernement.

Notre mode de chauffage en étant logiquement dépendant, il nous fallait appréhender de manière assez objective ce que cela pourrait impliquer sur notre capacité de travail, mais savoir s’il fallait envisager des modes de chauffage de substitution à mettre en place.

Le climat de notre région est plutôt favorable et l’hiver n’y est pas trop long et pas trop rude, mêmes si parfois les températures sont proches ou en-dessous de 0.

Notre expérience n’a pas été dictée par un objectif financier, à savoir que le coût de l’énergie n’en a pas été l’élément déclencheur, et cela est développé dans ce qui suit.

L’agence est installée dans un immeuble d’habitation collectif construire dans les années 60, ses principales caractéristiques en lien avec l’expérience sont :

  • Deux parois verticales en contact avec l’extérieur, pas / peu / mal isolées, avec une proportion vitrée importante. 1 à l’Est sans protection solaire, avec des menuiseries extérieures simple vitrage mais occupant une proportion de façade plutôt faible, le reste donnant sur un parking couvert et fermé. 1 à l’Ouest avec une protection solaire offerte par le débord des balcons, des menuiseries extérieures récentes équipées d’un double vitrage occupant quasiment l’intégralité de la paroi.

  • 1 paroi latérale en contact avec un hall d’entrée non étanche à l’air mais bénéficiant de la circulation des colonnes montantes de chauffage

  • 1 paroi latérale en contact avec un autre local commercial « sensiblement » non chauffé.

  • Le plancher bas est superposé à un niveau de caves, sans isolation thermique incorporée et sans possibilité concrète d’en installer une.

  • Le plancher haut se situe sous un appartement, à priori occupé toute l’année mais sans certitude.

  • Aucune colonne montante de chauffage traversant le volume donc aucune source de chaleur par rayonnement.

  • Une mauvaise étanchéité à l’air, dont on se rend très bien compte quand il y a du vent.

  • Un principe d’aménagement qui ne comporte aucune pièce individuelle fermée, qui pourrait éventuellement servir de refuge maintenu en température facilement, disons à19°C.

  • En période transitoire et en réaménagement, le système de chauffage par pompe à chaleur qui aurait du être installé ne l’est pas encore, mais quelques équipements de « secours » maintenus au cas où et de type radiateur à inertie… En toute logique, pas de climatisation non plus.

  • Aération périodique dans la journée par ouverture des ouvrants.

Sur la notion de passoire thermique

On est clairement pile poil dedans.

La situation à l’intérieur d’un immeuble collectif ne nous rend service qu’à la marge puisque nous n’avons en définitive quasiment pas de parois en contact avec un local chauffé, nous permettant alors de limiter un peu les déperditions.

Pas d’exposition Sud. Des expositions Est et Ouest qui ne sont pas assez bénéfiques au coeur de l’hiver, l’apport de chaleur par ces baies commence à peine à se faire ressentir.

Un niveau d’étanchéité à l’air qui n’est pas bon et qui conduit inévitablement à des échanges thermiques avec l’extérieur, d’autant plus ressenti qu’il n’y pas d’air chaud émis à l’intérieur du local pour masquer le phénomène.

Nous n’avons pas mis en place de suivi pour voir comment évoluait la température intérieure selon les variations extérieures, mais on suppose qu’au plus frais elle est descendue aux alentours des 12/13 °C.

Sur la notion de confort thermique

Quel a été l’influence de l’expérimentation ?

Nous avons très peu modifié notre tenue vestimentaire.

Pas de bonnet, pas de gants, pas de plaid, pas de chaussettes en laine, pas de chaussures plus chaudes, pas de collants, etc.

Les deux seules choses en plus: garder une écharpe autour du cou, et porter une veste un peu chaude en plus d’une tenue vestimentaire classique en hiver pour le haut du corps (chez nous): tee-shirt à manche courte + pull.

Comme nous n’avons pas de pièce isolée, pas de refuge pour se réchauffer périodiquement et donc pas, non plus, de petit chauffage individuel sous le bureau…

Il faut également préciser: pas de rhume, pas de grippe… Un peu le nez qui goutte mais sans plus. Enfin, pas grand chose de différent que lorsque c’est chauffé.

On ne peut pas dire qu’il n’y a pas d’influence sur le corps et sur la concentration, mais probablement pas au niveau où on l’imagine, et c’est tout l’intérêt de cette expérience d’avoir pu l’appréhender.

Des journées plus compliquées à tenir, lorsque l’on n’a pas ou peu dormi. Le repos a donc une influence positive, mais tout le monde le sait déjà, sur la résistance du corps, et en particulier dans ce contexte où il faut compenser le niveau de la température.

Des fins de journées plus difficile à faire tirer tard, car on ressent nettement le manque d’énergie pour lutter contre le froid en toute fin de journée (après 18/19h) et le besoin de se couvrir d’avantage si besoin de continuer.

Nous sommes des buveurs, compulsifs, de café et donc une boisson chaude de manière régulière est la bienvenue.

Le travail plus statique derrière un clavier sans gants a été, au final,  la conséquence la moins dérangeante et complexe à gérer. On ne peut nier qu’avoir les mains au chaud ne soit pas agréable, mais à température ambiante et en utilisant bien tous ces doigts (en tapant avec 2 doigts çà marche moins bien…) on arrive à maintenir un niveau « d’inconfort » acceptable.

Difficile de voir l’influence réelle sur la productivité, tant d’autres paramètres du quotidien peuvent déjà l’impacter négativement. Mais de manière générale, il semble que cela ne l’ait pas influencer ou très peu, au regard du suivi du nombre de tâches hebdomadaires achevées qui est resté stable.

Sur l’influence de cette expérience sur la notion de passoire thermique et de confort thermique

Premier enseignement, l’absence de chauffage ne rend pas impropre à sa destination notre local, avec ses atouts et ses défauts, et cela impacte donc frontalement la notion de « passoire énergétique ».

Il semble pointer comme une forme d’idéologie, à penser que l’absence d’isolation, d’un mode de chauffage correctement classé ou encore du maintien d’une température de « service » en hiver soit la meilleure manière de qualifier un espace.

Nous en avons donc fait l’expérience, c’est faux.

Première conséquence, aucune consommation d’énergie pour le chauffage, et pas plus de cafés bus que d’habitude…

Deuxième conséquence, aucun équipement chauffant de compensation mis en place ni allumé.

Troisième conséquence, aucun équipement individuel acquis pour se couvrir d’avantage, certains ont simplement été utilisés d’avantage que les années précédentes.

Deuxième enseignement, en lien avec des travaux de réaménagement en cours.

Nous estimons, dans le cas précis de cette expérience, et par ordre de priorité, que nous allons résoudre les points suivants :

  • Disposer de menuiseries extérieures performantes (standard réglementation thermique) sur chaque baie, et en elles-même étanches à l’air, et en lien direct isoler les parties attenantes qui n’ont aucune inertie thermique, typiquement des remplissages en matériaux légers

  • S’assurer de la bonne étanchéité à l’air périphérique de ces menuiseries

  • Isoler en premier lieu les parties de parois où le volume d’air derrière n’est pas statique, et entretien une déperdition « dynamique » (comme le système de refroidissement d’une voiture par exemple)

  • Isoler en dernier lieu les parois avec une inertie thermique, faible ou non.

Troisième enseignement, assez probablement et puisque nous avons déjà fait la moitié du chemin en ne chauffant pas cet hiver, nous allons travailler sur les deux premiers points car l’intuition nous dit que dans notre cas, cela sera suffisant.

Dans la mesure où le niveau de confort attendu est celui d’un environnement clos où la déperdition thermique n’est pas inexistante mais lente, ce n’est pas la capacité de l’enveloppe à lutter contre le changement de température qui est important, mais sa capacité à lutter contre la convection des masses d’air.

S’il n’y a pas de consommation d’énergie pour chauffer, il n’y a donc pas besoin d’isolation, et donc la notion de confort thermique associée au besoin d’une enveloppe performante au sens de ses caractéristiques thermique, n’est pas avérée également.

Quatrième conséquence, une valeur de température intérieure visée pour obtenir une sensation de confort est une vue de l’esprit. Elle est certes dépendante des individus, mais elle est avant tout un repère que l’on se donne comme prétexte, plus qu’une sensation objective que l’on mesure.

En toute logique, tout le monde a déjà fait l’expérience d’une température négative avec une hygrométrie faible et un relatif confort, à la montagne notamment, et l’inconfort d’une température nettement positive mais avec un niveau d’hygrométrie important.

C’est un peu la même logique.

Quatrième enseignement, aucune idéologie ne sous-tend cette expérience, il s’agit simplement d’un choix logique et pragmatique.

Initié au départ par un risque auquel il fallait se préparer pour prévoir des mécanismes de compensation, il s’est  transformé en expérience « jusqu’au boutiste » riche d’enseignements et de « nouvelles » données sur la gestion thermique d’un bâtiment: sur le besoin d’isolation, sur le besoin de traitement thermique, etc.

Cela sera abordé dans un prochain article de blog dans les semaines qui viennent…

Indice :

Ce matin à 7h :

  • Température extérieure : 3°C

  • Température intérieure : 17,7°C


Chauffer ou ne pas chauffer, telle est la quantité d’énergie . Olivier ARMAND